Je ne sais pas pourquoi à ce moment-là, ce souvenir de maman me revint comme une bourrasque de vent. Celle qui vous hérisse les cheveux et vous donne un frisson qui parcourt votre dos. Je la voyais, penchée sur moi, à la lueur de ma lumière de chevet. Elle m'apprenais une chanson. Une chanson qu'il était interdit de chanter. Ce soir-là, je m'étais endormie bercée par les notes qui sortaient de sa bouche. Je me souviens avoir voulu la chanter plusieurs fois. Ce qui est interdit est attirant. Il y eut une fois où je la fredonnai en allant au village. Ce jour-là, j'ai eu de gros ennuis.
Mais tout cela était loin,
maintenant. Aujourd'hui j'avais passé le cap des douze années, et
je tenais fermement ma petite sœur par la main. Maman nous avait
quitté il y a quelques mois, juste après papa; j'étais le seul
soutien qu'il lui restait. Les allemands nous faisaient face, à moi,
ma sœur, et tous les autres résistants. Ils pointaient leur armes
vers nous, le visage impassible, comme des pantins de chair. Je
fusillais du regard celui qui pointait ma petite sœur, et me
retenais de cracher sur le mien.
Nous n'avions encore rien fait... A
part crever la roue du vélo du petit voisin allemand. Nous venions
juste de rejoindre la résistance après avoir entendu l'appel du
Général de Gaulle à la radio. Ils n'avaient pas été difficiles à
trouver, et je comprends que les allemands n'aient pas eu de mal non
plus...
Maintenant, nous allions être
fusillées, tués comme des lapins, pour ce que nous n'avions pas
encore fait, mais nous apprêtions à faire. Derrière la rangée
d'officiers nazis, la police française se tenait là, les yeux au
sol, refusant même de nous regarder tellement la honte les
accablait. Un haut-gradé nazi arriva enfin, sortit de sa voiture, le
dos droit, les mains croisées derrière. Il s'approcha de notre
groupe, qui devait compter une vingtaine de personnes, tous en ligne
devant un grillage barbelé. Un visage dur et aussi froid que celui
de ses hommes. Lorsqu'il passa près de moi, je sentis ma jeune sœur
être prise de sanglots. Je serrai sa main un peu plus fort, et
tentais moi-même de calmer, non pas ma peur, mais ma rage. Le nazi
s'arrêta au bout de la file et cria à ses hommes:
- Gehen Sie!
Les officiers replacèrent leur
fusils entre leurs mains, et commencèrent à viser en prenant
presque leur temps. Un garçon de la file tenta de s'échapper mais
il fut tué aussitôt. Alors que les allemands semblaient enfin
décidés à tirer, mes cordes vocales commencèrent à vibrer, et
une légère mélodie sortit de ma gorge. Un fredonnement que je ne
contrôlait pas. Lorsque l'air se fit distinct à travers ma gorge
nouée par la terreur, ma sœur se joignit à moi dans le silence
pesant de nos derniers instants. Puis peu à peu, toute la file
reprit notre chant, le chant interdit. Les paroles n'étaient pas
encore prêtes à sortir, mais la chanson prenait en vigueur, et je
pus voir des larmes couler les long des visages fiers de mes
camarades, de mes frères français.. Même les policiers français
ne purent empêcher leur yeux de couler. L'étreinte de ma sœur se
raffermit sur ma main. Je tournai la tête, et vit devant moi, non
des condamnés à mort, mais des hommes, des femmes et des enfants
droits, sans plus aucune trace de peur dans leur regards. Les paroles
franchirent nos lèvres en même temps, et nous nous mirent à
chanter haut et fort, à l'unisson. Une seule voix, un seul cœur,
une seule âme.
Allons, enfants de la
Patrie,
Le jour de gloire est arrivé !
Contre nous de la tyrannie,
L'étendard sanglant est levé !
Le jour de gloire est arrivé !
Contre nous de la tyrannie,
L'étendard sanglant est levé !
L'étendard sanglant
est levé !
Entendez-vous dans nos campagnes
Mugir ces féroces soldats ?
Ils viennent jusque dans nos bras
Égorger nos fils, nos compagnes !
Entendez-vous dans nos campagnes
Mugir ces féroces soldats ?
Ils viennent jusque dans nos bras
Égorger nos fils, nos compagnes !
Aux armes, citoyens
Formez vos bataillons
Marchons, marchons !
Qu'un sang impur
Abreuve nos sillons !
Formez vos bataillons
Marchons, marchons !
Qu'un sang impur
Abreuve nos sillons !
La dernière chose que je
vis, hormis les sourires sur nos visages, fut le sang de ma sœur, le
mien, et celui des autres, coulant le long de nos bras et de nos
mains, toutes liées.
text © Ryuu
Et comme c'est pas un texte super joyeux, et que ça fait deux articles de dépressif à la suite, j'vous rajoute un petit bonus pour vous faire sourire XD
Mis à part ça, j'aurais besoin d'aide ! En fait j'ai scanné la suite des pages de Maybe Again depuis un bout de temps mais Servimg.com ne veut pas me les héberger, je comprends paaaaas >.< il bug ou il réinitialise la page...
... Help ? ^^'
- Votre Capitaine Adoré -qui n'en revient pas d'avoir posté deux fois en moins d'une semaine-, Ryuu o7
J'adore le texte.
RépondreSupprimerEt j'adore encore plus la bédé. Et ta coupe. G.
(et je sais pas plus que toi pour servimg, désolé :/)
Ouais, tu te rattrape de ton long silence, hein? |D
RépondreSupprimerLe texte est joli et bien écrit, j'aime bien la phrase de fin. Ça m'a fait penser au début de Pirates de caraïbes 3, quand t'as tous les pirates condamnés à la pendaison qui chantent.
(par contre, heu... des gamins dans la Résistance? Ça me parait un peu étrange, même si j'en sais pas tant que ça sur la Résistance, en fait 8B ÉCLAIRE MOOOOI, ça s'est déjà fait ou c'est la "licence poétique"? XD )
(ooh, et sinon Doudou m'avait dit que tous les deux, vous n'aimiez pas trop mon nouveau blog par rapport à l'ancien? Faut le dire clairement, bande de patates douces, je vais pas vous bouffer! Vazy, des explicatiooooons aaarhguh)
Ah et sinon (OUI TROIS PLOMBES APRÈS), pour Servimg, si il veut vraiment pas, ben tu les héberge ailleurs, tout simplement è__è (genre même sur ton blog, tu dois pas être obligée de les poster dans un article si tu veux les mettre ailleurs, mais si tu récupère leur adresse... enfin, TU VOIS QUOI. Moi je me servais de canalblog comme hébergeur, avant, pour pas me faire canne. )
RépondreSupprimerDare > Roohh t'es choute. G toi-même.
RépondreSupprimerMisté > OUAIS CARREMENT. XD Effectivement, c'est ce film (LE MEILLEUR DE L'UNIVEEEERS Ö ) qui m'a inspiré, j'ai trouvé ce moment tellement beau ;_; Et puis le moment où Elisabeth dit "Gentlemen... hoist our colours..." M'A FAIT CHIALER PUTAIN.
Je confirme, il y avait toute sorte de personnes, dans la résistance, et des orphelins, pourquoi pas, hein.
(Pour ton blog, t'as la mémoire courte, on en a déjà parlé sur msn, espèce de patate :p )
Merci pour le tuyau, tu m'as donné une idée ! J'vais créer un blog rien que pour Maybe Again, tiens XD (t'as la foi, Ryuu, c'est bien U.U )
Haaaan, oké! 8'D (pour moi, il a jamais existé, ce film XD )
RépondreSupprimerRemarque, ils avaient besoin de main d'oeuvre, alors c'est compréhensible.
(OUAIS PARDON, en fait j'ai inversé vos rôles, à Doudou et à toi X'D Donc c'est TOI qui me l'avait dit.
... MAIS JE SAIS TOUJOURS PAS CE QUI VA PAS D8 )
Ouééé, un blog pour Maybe Again! Avec des MaJ toutes les semaines! Ouaiiis (Misté, tu rêve éveillée, là)
AAAAAAH t'as posté à 23:TREIIIIIIIIZZZE!!! \o/
Misté > BWAHAHA pourtant on se ressemble pas ! ......NON? .__.
RépondreSupprimerEn fait c'est juste qu'on était très attaché à BullshitLand, le premier.
Pour ma part, je le sentait plus comme "le monde de Misté", quand j'y allais, alors que le V.2 c'est vraiment un blog, quoi .__. Je sais pas, y a pas la même magiiie x)
Des MaJ toutes les semaines ? POURQUOI PAS XD Mais dans ce cas je poste les pages qu'on connait déjà uuuune par uuuune 8DD
LOL.
AAAAAAAAAAAHHHHHHHH CE QUI M'INQUIETE C'EST PLUTOT LE 23.
Heu... va savoir, avec ma mémoire, tout est possible X'D
RépondreSupprimerAaah, bande de nostalgique, va. De toute façon, j'aurais pas pu le continuer. Mais je me doutais que c'était pour ça, ouais. Disons qu'il mettait en place l'univers de Bullshitland et rien d'autre. Mais j'ai fini par m'y sentir trop renfermée.
PAS GRAVE, Y EN A PAS BEAUCOUP D'FAÇON |D
(le 23? Mais pourquoi? D'8 )
J'aime bien le texte, il est d'une sombre mélancolie qui ne laisse pas indifférent.
RépondreSupprimerLa BD change le ton par contre, elle m'a bien fait rire X{D
*Brandis trèèèès haut sa licence en sciences historiques*
Attention, je suis un historien moi ! Et parmi les périodes que j'ai étudié à fond : la Seconde Guerre mondiale. Alors...
Au début, la résistance, ça a surtout été chez les intellectuels et ceux qui ont entendu (très rares) l'appel du général de Gaulle à la BBC le 18 juin 1940.
Au départ, les allemands n'étaient pas du genre à fusiller des otages. Il demandaient simplement à la police française de faire son boulot. Ce n'est que plus tard, à partir de 1941, que les otages étaient fusillés "pour l'exemple". Après le 18 juin, l'armistice n'ayant pas encore été signé (22 juin) les Allemands tout à la joie de la victoire facilement obtenue, pensaient simplement que les actes de résistances allaient vite cesser et laissaient passer les actes de vandalismes et les petits sabotages. Ce n'est que plus tard, la résistance s'organisant, que les autorités de l'occupation prirent des mesures plus draconiennes.
Haha, merci Sieggy x) J'étudie aussi cette période en cours, mais pas aussi profondément, donc je n'avais pas tous ces détails x)
RépondreSupprimerNéanmoins, ce n'est qu'une nouvelle qui m'est venue à l'esprit comme ça, hein. C'est pas un témoignage XD
M'enfin, c'était intéressant à apprendre, tout ce que tu dis, je pourrai peut-être le ressortir pendant un exam, si je tombe sur cette période XD
Thank youuu !
Misté > T'as pas vu "le nombre 23" ? C'est un film troooop bien 8D LE 23 EST PARTOUUUUT AAAAHHHH
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